Frontières de sable

Chants | Matthieu Rialland | 10 octobre 2004

Il y avait l’océan, et il y avait ces hautes dunes qui font le monde plus grand. Dans le ciel un nuage et sur les vagues l’écume, un blanc avenir s’était comme arrêté là. Et dans les soubresauts du vol d’un oiseau de mer, je pouvais voir plus loin.

Des rouleaux verts et gris labouraient l’océan, terre de longue peine et de solitude.

Moi, je vivais sur ces frontières de sable. Entre l’eau redoutable et un certain néant. Tout se mouvait, tout était un prétexte futile afin de rire encore, seul, mouillé de pluie. Moi, j’y voulais voir encore ces joies qui nous inondent et nous donnent à voir l’envers du monde.

Il y avait le souvenir d’une dame, qui s’en était allée.

Et il y avait cette plante torride, qui poussait dans mes reins, sur un terreau que rien n’arrosait plus. L’amer du désir est d’une sécheresse !

Des traces de pas s’effaçaient au fil du vent, sur la plage.

Moi, je vivais dans la poussière descendue des falaises, au fil de l’eau. Tout était souvenir et tout avait péri. Tout devenait un droit de ne plus espérer. Moi, j’avais creusé une tombe, derrière la dune, et j’y avais jeté ces liens qui me tenaient encore, bien droit.

Il y avait, et il y aurait toujours, l’océan. Et dans l’écume verte, et dans la nuée moutonneuse, je ne savais encore que j’allais voir plus loin.