Chants | Matthieu Rialland | 24 août 2003
Belle et blanche licorne, belle et blanche et cornue à fendre les nuages, donne-nous le désir et la force d'aimer, donne-nous cette joie qui nous fera vivants et l'éclat de lumière qui habite les âmes. Licorne, reine descendue de la lune, maîtresse de la nuit, sois celle que tu dis être et fais de tes enfants ceux qu'ils veulent devenir. Belle et blanche licorne, tu seras fière de nous comme nous sommes fiers de toi.
Regarde-nous. Vois tes enfants, tes esclaves. Ouvre les yeux, plante ta corne entre les nôtres.
Nous mordrons dans la chair de tes naseaux, à poignées nous arracherons les fils de ta crinière, nous briserons tes oreilles et battrons de nos poings ton poitrail. Bientôt tu seras sur le flanc, et ton regard sera plein d'amour. Nos couteaux silencieux te trancheront la gorge, et nous t'écorcherons, et de ta peau nous ferons un manteau qui tous nous gardera des froids de cet hiver. Nous te dévorerons, enfin, dans l'allégresse...
Regarde-nous. Vois comme nous sommes rares à honorer ta corne. Ouvre les yeux, écorce de ton rostre les arbres de ce monde, et donne-nous des preuves.
Belle et blanche licorne, belle et blanche et superbe à ravaler ses larmes, donne-nous le désir et la force de tuer, donne-nous cette joie qui nous animera et l'éclat d'ombre noire où niche la colère. Licorne, reine façonnant le soleil, maîtresse de l'or blanc, du bronze, des basaltes, sois celle que l'on dit à nulle autre pareille et fais à tes enfants cadeau d'un avenir. Belle et blanche licorne, tu seras fière de nous, quand nous t'aurons échappé.