Vers le nord

Chants | Matthieu Rialland | 9 janvier 2008

Retirons-nous, ami, et filons vers le nord. La bataille est perdue, crois-moi, essayons d’y survivre… Il y aura d’autres guerres, d’autres batailles, il n’est pas nécessaire de mourir ici.

Vers le nord, ami, vers le nord ! Nous y serons dans quatre jours, si nous partons maintenant… Mais ne tardons pas, la nuit tombe.

Pourquoi hésites-tu ? Oui, ils sont tombés, nos frères. Oui, ils ont combattu vaillamment. Nous leur dirons, là-bas, que pas un n’a failli, pas un seul, qu’ils sont morts en héros, tous, mais que l’ennemi était trop fort, trop nombreux. Nous leur dirons. Nous serons les porteurs de mauvaises nouvelles, mais nous n’aurons que des louanges pour ceux qui ne reviendront pas. Mais ne tardons pas, ami, partons.

Et pourquoi donc ? Pourquoi nous prendraient-ils pour des lâches ? Regarde : je suis blessé… Regarde : toi aussi. Ce n’est pas grand chose, tu as raison. Oui, mais notre sang a coulé. Nous nous sommes battus. Nous pouvons nous retirer la tête haute. Vraiment.

Quoi, eux ? Ce sont des fous, des désespérés. La bataille est perdue, je te l’ai dit, mais ils ne veulent pas en démordre. Tu sais, parfois trop de courage peut t’aveugler et faire ton malheur.

Sers-toi plutôt de ton bon sens… A ton avis, qui se battra, après cette bataille ? Ceux qui seront morts aujourd’hui, ou bien ceux qui, comme nous, auront su se retirer à temps ?

Allez, viens, nous avons une longue route à faire. Monte sur ton cheval.

Ça va aller ? On s’arrêtera plus loin pour panser ta blessure. Mais pas trop bien, hein, il ne manquerait plus qu’on nous prenne pour des déserteurs ! Allez, en route.

Eh oui, ami, j’ai encore le courage de sourire. Bientôt, nous serons chez nous, sains et saufs.