Vers un monde meilleur

Chants | Matthieu Rialland | 3 septembre 2003

Nous vous avions promis un monde meilleur.

Nous vous avions séduits, et vos rires enfantins étaient d’une effroyable candeur. Nous vous avions faits esclaves, et vous gouvernions comme il importe de le faire – nous, puissants, maîtres des faibles, des inconscients et des lâches. Vous étiez cela, rien que cela : des faibles, des inconscients, des lâches.

Vous étiez ce néant sur lequel on bâtit les empires. Pour notre monde meilleur, vous avez marché vers votre perte. Ainsi vont les peuples aveugles – ainsi faut-il, avant toute chose, que vous croyiez en nos mirages et ne vous mêliez point de nos projets.

Certes, un moment, notre monde meilleur fut aussi votre monde meilleur.

Vous devriez savoir qu’un piège ne ressemble jamais à un piège… Il est populaire, le dicton qui dit que les meilleures choses ont une fin – c’est vous qui le dites, et c’est nous qui le savons. Les bonheurs passagers vous incitent à marcher, en quête d’un nouveau bonheur ; à nous le devoir de les interrompre ! Ce monde meilleur auquel vous rêvez, c’était celui d’hier, mais vous ignorez qu’il n’y a rien de semblable parmi vos lendemains.

Chantez, marchez encore… Nous savons quels chemins vous devez prendre.

Si vos compagnons épuisés tombent au bord de la route, ne vous retournez pas, ne vous arrêtez pas : chacun des survivants recevra une plus large part de nos chimères !