Chants | Matthieu Rialland | 6 mars 2006
Reposer sur le sein de la femme qu’on aime, c’est aller à la tombe et s’allonger par terre, entre la fleur et le marbre. Des souvenirs dansent et dansent, des souvenirs qui suintent entre les petits carreaux de mon âme…
Moi qui savais qu’il n’y a pas d’oubli – voici venu le temps où les coins s’effilochent, le temps où les soupirs font des ponts sur la mer, le temps où rien n’est plus, mais où tout a fondu entre un chien et un loup. Moi qui me souvenais d’abord des nuits de moire ! Moi qui savais que ce temps-là viendrait quand j’ouvrirais la porte.
Reposer et songer qu’il y eut un ailleurs. C’est comme une fontaine, et mes yeux ont pâli. Dans le marbre est planté l’acier de tes dents noires.
Moi qui savais qu’il n’est aucun repos – voici venu le temps des promesses éteintes, le temps du grand couteau usé, le temps de la licorne immonde et des spirales. Moi qui étais flammèches. Moi qui rusais à travers les miroirs. Moi qui savais que ce temps-là viendrait, même en mon absence…
Reposer dans l’azur et sous la poussière, c’est le désir, la paix de ce sein purulent.
Moi qui savais – voici venu le temps…